L’Afrique du Sud vient de franchir une nouvelle étape dans sa transition énergétique avec la signature de contrats d’achat d’électricité (PPA) pour trois projets majeurs d’énergie renouvelable hybride. Ces projets, développés par le producteur norvégien Scatec ASA, combinent solaire photovoltaïque et stockage par batteries, et fourniront 150 MW d’électricité « dispatchable », c’est-à-dire disponible à la demande. Une première en Afrique, qui pourrait transformer durablement le paysage énergétique du continent.
Une réponse locale à une urgence nationale
Le programme RMIPPPP (Risk Mitigation Independent Power Producer Procurement Programme), lancé par le gouvernement sud-africain, a pour objectif de combler rapidement le déficit de production électrique du pays. La crise énergétique que traverse l’Afrique du Sud se manifeste notamment par des délestages fréquents qui freinent la croissance économique et affectent la vie quotidienne de millions de citoyens.
Les trois projets signés le 2 juillet dans la province du Northern Cape s’inscrivent dans cette stratégie. Chaque centrale affichera une capacité de 50 MW, avec une installation combinée de 540 MW en solaire photovoltaïque et un système de stockage d’énergie de 1,1 GWh. L’électricité produite sera disponible entre 5h00 et 21h30, couvrant les périodes critiques de consommation.
Scatec : un acteur central du projet
Le développeur norvégien Scatec ASA, bien implanté en Afrique, possède 51 % du capital de ces projets, aux côtés de H1 Holdings, un partenaire sud-africain promouvant l’autonomisation économique des populations noires (Black Economic Empowerment), qui détient 49 %.
Scatec ne se limite pas au financement. Il assurera également l’ingénierie, la construction (EPC), la maintenance et la gestion des actifs. Le groupe Standard Bank, accompagné d’investisseurs tels que British International Investment, jouera le rôle d’arrangeur principal pour le financement sans recours des projets.
L’énergie renouvelable hybride comme solution innovante
Ce modèle d’énergie renouvelable hybride, qui combine production solaire et stockage, constitue une réponse technologique aux défis de l’intermittence des énergies renouvelables. En Afrique, où les réseaux électriques sont souvent fragiles, ce type de solution permet d’assurer une alimentation continue, même en l’absence de soleil.
Une fois opérationnels, ces projets seront parmi les plus importants au monde dans leur catégorie. Pour Terje Pilskog, PDG de Scatec : « Ce projet marque un tournant pour le secteur énergétique africain. C’est une preuve concrète que des solutions innovantes et durables peuvent répondre aux besoins réels des populations. »

Le revers des powerships : des projets controversés mis en pause
Parallèlement, le programme RMIPPPP prévoyait également l’attribution de contrats à des centrales électriques flottantes, ou « powerships », proposées par la société turque Karpowership. Ces navires, équipés de centrales à gaz, devaient fournir une capacité totale de 1 220 MW, soit plus de 60 % des projets attribués dans le cadre de l’appel d’offres initial.
Mais ces projets se trouvent aujourd’hui dans l’impasse. Confrontés à une forte opposition de la part des ONG environnementales, à des tarifs jugés peu compétitifs et à une absence d’autorisations environnementales, les powerships n’ont pas été inclus dans la cérémonie de signature des PPA. Des procédures judiciaires sont également en cours, notamment avec un concurrent évincé, DNG Power, qui conteste l’équité du processus d’attribution.
Un modèle énergétique en mutation
Ce tournant vers des solutions renouvelables, locales et hybrides confirme un changement de paradigme dans la politique énergétique sud-africaine. Les centrales thermiques traditionnelles, longtemps dominantes, cèdent progressivement la place à des modèles plus durables, portés par des acteurs privés et internationaux.
L’Afrique du Sud entend ainsi renforcer sa résilience énergétique, réduire sa dépendance aux énergies fossiles, et stabiliser ses coûts de production. Le choix de technologies de pointe comme le stockage par batteries, intégré dans une logique de production renouvelable, illustre cette volonté de modernisation rapide du secteur.
Un avenir énergétique plus stable et plus vert
Ces projets ouvrent la voie à une nouvelle génération d’infrastructures énergétiques en Afrique. Ils prouvent qu’il est possible de concilier fiabilité, rentabilité et durabilité dans des contextes parfois complexes. L’énergie renouvelable hybride devient ainsi un levier stratégique pour garantir un approvisionnement stable et respectueux de l’environnement.
Avec une mise en service prévue peu après la clôture financière – attendue dans les 60 jours – les centrales de Scatec seront opérationnelles dans un délai record. Elles permettront à l’Afrique du Sud de disposer d’une production stable pendant 16 heures par jour, couvrant les pics de demande sans recourir aux énergies fossiles.
L’innovation au service de l’indépendance énergétique
Le succès de ces projets de production d’énergie renouvelable hybride en Afrique du Sud envoie un signal fort. Il démontre que le continent est prêt à adopter des solutions technologiques de pointe pour répondre à ses défis énergétiques. L’exemple sud-africain pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés aux mêmes problématiques : déficit de production, instabilité du réseau, dépendance aux importations de carburants.
En mettant de côté les projets controversés et en misant sur l’innovation verte, l’Afrique du Sud trace une voie ambitieuse vers un avenir énergétique plus propre, plus résilient et mieux adapté aux réalités locales.
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