puissance solaire africaine
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Puissance solaire africaine : l’Afrique franchit un cap décisif vers le leadership mondial

L’Afrique est en train de s’affirmer comme une véritable puissance solaire africaine, portée par des annonces symboliques et des chiffres record. Avec plus de 20 GWc de capacité installée et plus de 10 GWc en construction, le continent démontre que, malgré les défis, sa trajectoire vers une place de leader mondial des énergies renouvelables est désormais irréversible.

20 GWc installés de puissance solaire africaine

Selon les dernières données publiées par l’Association africaine de l’industrie solaire (AFSIA), le continent a franchi la barre des 20 GWc de capacité solaire installée, tous segments confondus : grandes centrales, auto-consommation industrielle et commerciale, mini-réseaux et kits solaires domestiques.

Cette étape marque un tournant majeur dans l’histoire énergétique africaine.

Plus impressionnant encore, plus de 10 GWc de projets supplémentaires sont actuellement en construction. Cela signifie que le rythme de croissance du solaire africain non seulement se maintient, mais s’accélère, alors que d’autres régions du monde connaissent un ralentissement.

Guterres : « Une superpuissance du renouvelable »

Lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a insisté sur le potentiel unique du continent. Selon lui, l’Afrique a « tout ce qu’il faut pour devenir une superpuissance du renouvelable », grâce à son ensoleillement exceptionnel, son potentiel éolien et ses ressources minérales critiques.

Pour Guterres, l’enjeu n’est pas seulement technique, mais économique et social : les énergies vertes doivent réduire les coûts, diversifier les chaînes d’approvisionnement et accélérer la décarbonation mondiale, tout en créant des emplois et en améliorant la vie des populations africaines.

Puissance solaire africaine

Afrique de l’Ouest : un rôle moteur à renforcer

Si l’Afrique australe et l’Afrique du Nord dominent actuellement avec l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, l’Afrique de l’Ouest commence à se distinguer par des projets emblématiques.

  • Sénégal : avec plus de 50 MWc installés en 2025, le pays renforce son rôle de pionnier en Afrique de l’Ouest grâce à des partenariats public-privé solides.
  • Côte d’Ivoire : de nouveaux projets solaires dans le Bafing et à Korhogo s’ajoutent à la centrale de Boundiali, soutenant la stratégie d’augmenter la part du renouvelable dans le mix.
  • Burkina Faso : avec les centrales de Zano et Dédougou, le pays s’impose comme l’un des marchés les plus dynamiques de la région malgré un contexte sécuritaire difficile.

Ces initiatives renforcent le rôle de l’Afrique de l’Ouest comme espace de croissance rapide et terrain privilégié pour les investisseurs internationaux.

L’Afrique du Sud et le Maghreb en tête

L’Afrique du Sud reste le poids lourd de la puissance solaire africaine, représentant environ la moitié de la capacité installée. Ses programmes d’enchères compétitives et l’engagement massif du secteur privé en font un modèle.

Au Maghreb, l’Algérie a lancé une initiative ambitieuse de 3 GW, répartie sur 20 projets, dont certains devraient entrer en service avant la fin de 2025. Le Maroc poursuit son développement avec les programmes Noor et de nouveaux appels d’offres pour le photovoltaïque, tandis que la Tunisie affiche des progrès notables, se classant deuxième pays africain dans l’indice de transition énergétique (ETI 2025) du Forum économique mondial.

Des perspectives qui contrastent avec le ralentissement mondial

Alors que SolarPower Europe prévoit une contraction de 1,4 % des nouvelles installations solaires mondiales en 2025, et que les États-Unis affichent un recul de 7 %, l’Afrique continue de battre ses propres records.

En 2023, le continent avait déjà enregistré une croissance de 22 % des nouvelles installations, suivie d’un bond spectaculaire de 44 % en 2024. La dynamique se poursuit en 2025, avec des projets structurants répartis sur l’ensemble du continent.

Défis persistants : coûts et financements

Malgré ces progrès, le rapport de l’ONU et les données de l’AFSIA rappellent que des obstacles subsistent. Les coûts de déploiement des mini-réseaux et des grandes centrales restent plus élevés qu’ailleurs, en raison des frais logistiques, des risques politiques et du manque d’infrastructures.

De plus, la dette publique de nombreux pays africains limite leur capacité d’investissement, accentuant leur dépendance vis-à-vis des bailleurs multilatéraux et des partenariats privés. Comme l’a souligné Guterres, « la dette ne doit pas étouffer le développement ».

Un marché en structuration : mini-réseaux et industrialisation locale

Le succès du solaire en Afrique repose aussi sur le développement rapide des mini-réseaux et des kits solaires domestiques. Ceux-ci permettent d’électrifier les zones rurales isolées, où l’extension des réseaux nationaux reste coûteuse.

En parallèle, plusieurs pays investissent dans la création de chaînes de valeur locales, de la fabrication de modules à l’assemblage d’onduleurs, afin de réduire leur dépendance aux importations et de créer des emplois qualifiés.

Le rôle des forums et coopérations internationales

Le Renewable Energy Forum Africa (REFA), prévu à Accra en décembre 2025, sera une étape importante pour mobiliser investisseurs, institutions financières et développeurs. Ce type de plateforme permet d’aligner les projets sur les besoins réels du continent et d’accélérer la mise en œuvre de solutions adaptées.

La coopération Sud-Sud, notamment entre pays africains, mais aussi avec des partenaires comme le Japon, les Émirats arabes unis et l’Union européenne, sera déterminante pour maintenir l’élan.

Vers une Afrique leader du solaire

La vision exprimée par Guterres et confirmée par les chiffres de l’AFSIA converge vers une réalité : l’Afrique est en train de se positionner comme une puissance solaire et une des principales régions motrices de la transition énergétique mondiale.

Avec un potentiel solaire quasi illimité, une population jeune et un marché en pleine expansion, le continent peut transformer ses ressources naturelles en un moteur de croissance durable, tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique.

La puissance solaire africaine n’est plus une aspiration : c’est une trajectoire déjà amorcée, appelée à s’accélérer dans les prochaines années grâce à l’engagement des États, au dynamisme du secteur privé et au soutien de la communauté internationale.