Signature de la convention pour usine de polysilicium vert à Tan Tan

Tan-Tan : le Maroc inaugure une ère de polysilicium vert avec un investissement record de 8 milliards de dirhams

Le Maroc franchit une nouvelle étape stratégique dans sa transition énergétique avec l’annonce de la première usine nationale de polysilicium vert, implantée à Tan-Tan, au cœur du grand Sud. Porté par le groupe américain GPM Holding SA, ce projet d’un montant de 8 milliards de dirhams marque un tournant majeur pour l’industrie solaire marocaine, en dotant le pays d’une chaîne de valeur complète — de la production du silicium jusqu’aux panneaux photovoltaïques.

Un projet industriel d’envergure nationale

Signée le 22 novembre 2025 entre le ministère de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques Publiques (MICEPP), le ministère de la Transition Énergétique, et le groupe GPM Holding SA, la convention d’investissement officialise la création de la première unité de production de polysilicium du Royaume.

L’usine, qui sera érigée sur un site stratégique de la province de Tan-Tan, prévoit une capacité annuelle de 30 000 tonnes de polysilicium à haute pureté, une matière première indispensable à la fabrication des cellules solaires. Il s’agit du plus grand projet industriel jamais implanté dans la région du Guelmim-Oued Noun.

Selon les chiffres communiqués par le MICEPP, le projet devrait générer plus de 850 emplois directs et près de 4 000 emplois indirects durant les phases de construction et d’exploitation. La première pierre sera posée en 2026, pour une mise en service progressive à partir de 2028.

Le “silicium vert” : un maillon manquant de l’industrie solaire marocaine

Ce projet s’inscrit dans la volonté du Maroc de remonter la chaîne de valeur solaire. Jusqu’ici, le pays importait 100 % du polysilicium nécessaire à la fabrication de ses panneaux photovoltaïques. L’usine de Tan-Tan vient combler cette lacune : elle permettra de produire localement une matière première hautement stratégique tout en réduisant la dépendance vis-à-vis des fournisseurs asiatiques.

Le “polysilicium vert”, concept au cœur du projet, repose sur une production à faible empreinte carbone, grâce à l’utilisation d’électricité issue de sources renouvelables (solaire et éolienne). Cette orientation fait de Tan-Tan un pôle pionnier en matière d’industrie bas-carbone, capable d’alimenter aussi bien le marché national que les grands producteurs européens de modules photovoltaïques.

Signature de la convention pour usine de polysilicium vert à Tan Tan

Une production tournée vers l’export

D’après le communiqué officiel du MICEPP, 85 % de la production de l’usine sera destinée à l’exportation, principalement vers l’Europe et l’Amérique du Nord, où la demande en matériaux pour panneaux solaires connaît une croissance exponentielle. Le reste servira à soutenir les projets nationaux, notamment ceux développés par Masen et par les opérateurs privés dans les domaines du solaire industriel et résidentiel.

Ce positionnement exportateur permettra au Maroc de renforcer sa place sur le marché mondial des énergies renouvelables, tout en valorisant les ressources locales et en stimulant les écosystèmes industriels adjacents : logistique, transformation du quartz, maintenance, ingénierie et formation.

Pour le ministre de l’Investissement, Mohcine Jazouli, ce projet incarne la nouvelle orientation du Royaume : « attirer des investissements industriels stratégiques, durables et à forte valeur technologique, au service de la souveraineté énergétique et industrielle du Maroc. »

Un levier de développement pour le grand Sud marocain

La région de Tan-Tan, souvent perçue comme une zone éloignée des grands pôles économiques, s’impose désormais comme un nouveau centre de l’industrie solaire marocaine. La localisation du projet n’est pas un hasard : elle s’inscrit dans la stratégie de développement intégré du Grand Sud, qui vise à dynamiser les territoires du Sahara atlantique par des investissements structurants et durables.

L’arrivée de GPM Holding SA constitue un signal fort pour les investisseurs étrangers : les infrastructures logistiques (port, réseau routier et énergie) permettent désormais de développer des projets industriels à grande échelle dans cette partie du pays. Selon Industries.ma, l’impact économique attendu est considérable : près de 12 milliards de dirhams de retombées indirectes sur la décennie à venir et un effet d’entraînement sur les filières de la métallurgie, de l’énergie et de la construction.

Un investissement stratégique dans la dynamique mondiale des matériaux critiques

Le polysilicium vert, composant de base des cellules photovoltaïques, est au cœur de la révolution énergétique mondiale. La demande devrait atteindre 1,5 million de tonnes par an d’ici 2030, portée par la croissance du solaire et des batteries. Aujourd’hui, la production mondiale reste dominée par la Chine (plus de 90 % du marché).

Avec ce projet, le Maroc s’affirme comme le premier pays africain à se positionner sur ce segment stratégique. L’usine de Tan-Tan ambitionne de fournir près de 2 % du marché mondial, tout en garantissant un approvisionnement stable pour les fabricants européens en quête de chaînes d’approvisionnement plus courtes et plus durables.

Cette orientation s’aligne sur la vision du Royaume en matière de souveraineté industrielle et de transition énergétique, tout en soutenant la stratégie “Made in Morocco” pour les technologies vertes.

Un partenariat international structurant

Le partenariat tripartite entre GPM Holding, les autorités marocaines et les institutions locales est présenté comme un modèle de coopération industrielle durable. GPM Holding SA, acteur américain reconnu dans les énergies renouvelables, apporte son expertise technologique et son savoir-faire en procédés de purification du silicium.

Le Maroc, de son côté, garantit un cadre d’investissement compétitif, des incitations fiscales, et un accès privilégié à une électricité d’origine renouvelable produite par les parcs éoliens et solaires du Sud.

Le projet bénéficie également du soutien de plusieurs organismes publics, dont Masen, le ministère de la Transition énergétique, et le ministère de l’Industrie et du Commerce, pour accompagner la formation technique et le développement de la main-d’œuvre locale.

Un impact environnemental et social mesurable

Outre les milliers d’emplois créés, l’usine aura un impact direct sur la réduction de l’empreinte carbone des chaînes d’approvisionnement mondiales. Selon les premières estimations, la production locale de polysilicium vert permettra d’éviter l’émission de plus de 500 000 tonnes de CO₂ par an, comparativement à une production équivalente en Asie.

Sur le plan social, le projet inclut un volet de formation et de transfert de compétences : la création d’un Centre de formation industrielle à Tan-Tan, spécialisé dans les métiers du solaire et de la chimie des matériaux, est prévue pour accompagner la montée en compétences des jeunes de la région.

Une vision à long terme : le Maroc, futur leader africain du solaire intégré

Le projet de Tan-Tan ne représente pas un investissement isolé, mais une brique clé dans la stratégie énergétique du Maroc. En combinant production de matériaux, fabrication de modules, et exportation de savoir-faire, le Royaume ambitionne de devenir le premier pôle africain de l’énergie solaire intégrée.

Le pays s’appuie déjà sur un mix énergétique où les renouvelables représentent plus de 40 % de la puissance installée, et vise 70 % à l’horizon 2030. Avec le polysilicium vert, le Maroc se dote d’un outil industriel capable de soutenir cette transition tout en créant de la valeur ajoutée locale.

Le Sud marocain au cœur de la révolution énergétique

Avec la méga-usine de polysilicium vert de Tan-Tan, le Maroc confirme sa place parmi les pionniers de la transition énergétique mondiale. Cet investissement de 8 milliards de dirhams ne se limite pas à la création d’emplois : il incarne une transformation structurelle de l’économie marocaine vers un modèle plus innovant, plus inclusif et plus durable.

Le “polysilicium vert” devient ainsi le symbole d’un Maroc qui mise sur la technologie et la durabilité pour s’imposer comme leader africain du solaire industriel.