L’Angola vient de franchir une étape majeure dans son programme national d’électrification, avec l’inauguration officielle du plus grand parc solaire hors-réseau d’Afrique subsaharienne. Installée dans la province orientale de Moxico Leste, cette infrastructure d’une ampleur inédite combine 25,4 MWc de puissance solaire, 75 MWh de stockage, plus de 40 000 panneaux photovoltaïques et une technologie Blackstart permettant de relancer le système sans appui externe.
Destinée à alimenter plus de 130 000 à 136 000 habitants, elle marque un tournant pour les politiques énergétiques rurales du pays. Ce parc solaire de Cazombo — chef-lieu de la région de Moxico Leste — est désormais pleinement opérationnel après une phase de construction menée par MCA Group, en partenariat avec Sun Africa et Hitachi Energy.
Les données officielles confirment :
- 25,4 MWc de puissance installée,
- 75,26 MWh de stockage via batteries lithium,
- 40 320 panneaux PV,
- une autonomie totale sans diesel,
- une alimentation continue pour plus de 130 000 habitants,
- et des économies d’environ 10 millions de litres de carburant par an.
La technologie Blackstart garantit la capacité de redémarrer l’ensemble du système en cas de coupure totale, rendant la centrale particulièrement adaptée à une zone isolée comme Moxico. Ce système constitue l’un des premiers modèles africains combinant production 100 % solaire, stockage massif, fonctionnement autonome et capacité d’alimenter des villages, centres de santé, écoles et services administratifs.
L’accessibilité énergétique reste l’un des grands défis angolais : moins de 45 % de la population dispose d’une connexion stable. Le gouvernement vise 800 MW d’énergies renouvelables d’ici fin 2025. Le méga-projet de Cazombo s’inscrit pleinement dans cette ambition, simultanément avec des parcs connectés au réseau national, des mini-grids pour les zones rurales et des projets hybrides solaire–diesel. Les premiers impacts annoncés sont significatifs : autonomie énergétique accrue des localités rurales, amélioration des services publics, développement économique local et chute des dépenses liées au carburant.

Électrification et résilience : un nouveau modèle énergétique pour l’Afrique
Ce projet représente un modèle d’infrastructures autonomes qui pourrait se généraliser dans les zones enclavées du continent. Trois éléments se démarquent :
- un parc totalement « zero-diesel » grâce à un stockage longue durée garantissant une alimentation 24h/24 ;
- une infrastructure pensée pour la durabilité, avec modules solaires performants, onduleurs robustes et batteries dimensionnées pour 20 à 25 ans ;
- un impact socio-économique direct, avec accès amélioré à l’électricité pour les écoles et les services de santé, création de nouvelles activités commerciales (réfrigération, artisanat), et arrivée d’investissements publics et privés.
Pendant la construction, le projet a mobilisé des centaines d’emplois temporaires et permis la formation d’une main-d’œuvre locale, renforçant ainsi la création d’un écosystème solaire pérenne capable d’assurer la maintenance et la gestion des mini-réseaux de la région.
La province de Moxico, l’une des plus étendues d’Afrique mais aussi l’une des moins électrifiées, dépendait fortement des groupes électrogènes, coûteux et vulnérables aux fluctuations climatiques. L’arrivée de cette centrale change la donne : pour la première fois, les habitants bénéficient d’un service continu, les infrastructures publiques fonctionnent sans générateurs, la productivité locale augmente et l’économie informelle se structure autour de nouveaux services liés à l’énergie. À long terme, cette dynamique pourrait faire émerger de nouveaux micro-pôles économiques ruraux alimentés exclusivement par de l’énergie propre.
Le projet s’inscrit également dans une tendance continentale qui voit plusieurs pays adopter des solutions solaires hybrides ou totalement hors-réseau : l’Éthiopie combine solaire et hydroélectricité pour stabiliser ses barrages, la Zambie et la Namibie multiplient les mini-grids pour les zones éloignées, le Nigeria structure un marché national du solaire décentralisé, tandis que le Kenya et la Tanzanie développent des programmes de mini-réseaux à grande échelle. L’initiative angolaise se distingue toutefois par son échelle, son niveau d’intégration technologique et son impact immédiat sur plus de 130 000 habitants.
Avec un potentiel solaire parmi les meilleurs au monde, une stratégie publique claire et des partenaires internationaux solides, l’Angola pourrait devenir un leader régional du solaire hors-réseau. Le pays prévoit désormais l’extension de nouveaux parcs répartis dans les provinces internes, la création de mini-réseaux pour les villages éloignés, une adoption massive du stockage batterie et une réduction progressive du coût de l’électricité pour les ménages et les entreprises.
En inaugurant ce parc solaire autonome à Cazombo, l’Angola démontre qu’une transition énergétique ambitieuse est possible dans les zones les plus enclavées du continent. Ce projet représente une avancée technologique, sociale et économique majeure, tout en traçant la voie pour une nouvelle génération d’infrastructures énergétiques conçues pour accélérer l’électrification africaine et renforcer la résilience des communautés rurales.










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