gigaénergie au Maroc

Gigaénergie : le Maroc accueille la première gigafactory de batteries d’Afrique avec un investissement de 5,6 milliards de dollars

Le Maroc franchit une nouvelle étape dans sa stratégie d’industrialisation verte avec l’annonce de la première gigafactory de batteries en Afrique, portée par le groupe chinois Gotion High-Tech. Ce projet de gigaénergie colossal, évalué à 5,6 milliards de dollars, positionne le Royaume comme un acteur stratégique du marché mondial des batteries et de la transition énergétique, à la croisée de l’Afrique, de l’Europe et de l’Asie.

Un projet industriel au cœur de la transformation énergétique du Maroc

Située à Kénitra, au nord du pays, la future usine de Gotion High-Tech s’impose comme l’un des plus importants investissements industriels jamais réalisés au Maroc. Sa capacité initiale de production sera de 20 GWh dès 2026, avant d’atteindre 100 GWh à terme, faisant de cette infrastructure une référence sur le continent. Les travaux de terrassement sont achevés et la phase de construction débutera avant la fin de 2025. La première phase, dotée d’un financement de 1,3 milliard de dollars, prévoit la création de 2 300 emplois directs et jusqu’à 17 000 emplois directs et indirects sur les cinq phases de développement.
L’usine produira des batteries lithium-ion, des cathodes et des anodes, destinées en grande majorité à l’exportation. Près de 85 % de la production seront dirigés vers le marché européen, où la demande explose avec la transition vers les véhicules électriques et les objectifs de neutralité carbone d’ici 2035. Les 15 % restants approvisionneront les marchés africains et moyen-orientaux, soutenant également les projets solaires et éoliens de la région.

Une Gigaénergie au service du continent africain

Ce projet s’inscrit dans la vision du Maroc de devenir un pôle régional de “gigaénergie”, en combinant production locale, exportation de technologies vertes et développement industriel durable. Le gouvernement marocain, à travers la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), est partenaire du projet et a signé un accord d’investissement d’environ 1,3 milliard de dirhams avec Gotion High-Tech. Cette alliance vise à garantir une implantation durable et à encourager le transfert de technologie au bénéfice de l’écosystème industriel national.
Le projet contribuera à renforcer la souveraineté énergétique du Maroc, tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis des importations de composants étrangers. Il soutiendra également la montée en puissance du secteur automobile, déjà premier exportateur industriel du pays avec un chiffre record de 157 milliards de dirhams en 2024, en hausse de 6,3 % par rapport à 2023.

Un écosystème complet pour la mobilité électrique

La gigafactory de Kénitra ne se limite pas à la production de batteries. Elle s’inscrit dans un écosystème complet de mobilité électrique, en synergie avec d’autres acteurs stratégiques déjà implantés dans le pays. Des entreprises chinoises telles que BTR, CNGR, Hailiang et Shinzoom développent également des unités de production de matériaux pour batteries, notamment le cuivre, les cathodes et les électrolytes. Cette dynamique renforce la position du Maroc comme hub africain pour la technologie des batteries, capable de couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur — de la matière première à l’assemblage final.
Selon Khalid Qalam, directeur marocain de Gotion High-Tech, « le Maroc dispose d’un cadre industriel compétitif et d’une logistique unique vers l’Europe. Notre objectif est de faire de Kénitra un centre d’excellence de gigaénergie, combinant innovation, durabilité et transfert de compétences ».

Un partenariat sino-marocain stratégique

L’investissement de Gotion High-Tech illustre la montée en puissance du partenariat économique entre le Maroc et la Chine. Pour Pékin, ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification de sa production hors d’Asie, afin d’assurer une meilleure résilience de la chaîne d’approvisionnement mondiale face aux tensions commerciales et aux nouvelles normes de l’Union européenne. Le Maroc, fort de ses infrastructures portuaires (Tanger Med), de son réseau logistique et de ses accords de libre-échange, devient une plateforme d’exportation idéale de gigaénergie vers l’Europe et l’Afrique.
En parallèle, la Chine consolide sa position sur le continent africain dans le domaine des technologies propres, après avoir investi massivement dans les infrastructures, les réseaux électriques et les télécommunications. Le projet de Kénitra s’ajoute à une série d’investissements stratégiques chinois dans la région, renforçant le rôle du Maroc comme point d’ancrage industriel africain.

Un moteur pour la transition énergétique africaine

Le projet de production de gigaénergie de Gotion High-Tech dépasse le cadre national. Il s’agit d’un symbole du potentiel africain dans la production de technologies propres. En construisant cette gigafactory, le Maroc démontre qu’un pays africain peut passer du statut d’importateur à celui de producteur et exportateur de technologies stratégiques. Cette dynamique pourrait inspirer d’autres nations africaines disposant de ressources critiques : le cobalt de la RDC, le cuivre de la Zambie ou encore le lithium du Zimbabwe. Ensemble, ces pays pourraient bâtir un réseau intégré autour de la fabrication de batteries, la gigaénergie et de la mobilité électrique, soutenu par des politiques industrielles coordonnées.
Le projet devrait également renforcer la coopération entre le Maroc et ses partenaires africains dans le cadre de la Charte africaine pour la transition énergétique juste, en soutenant les efforts continentaux de réduction des émissions et d’accès à une énergie propre et abordable.

Un impact socio-économique majeur

Sur le plan interne, le projet de gigaénergie de Kénitra représente un levier puissant pour la création d’emplois qualifiés et la montée en compétence des ingénieurs et techniciens marocains. Les prévisions tablent sur la formation de plusieurs milliers de spécialistes en électrochimie, automatisation, robotique et gestion énergétique.
L’impact économique s’étendra aussi aux régions avoisinantes : la demande en services logistiques, en matériaux de construction et en maintenance industrielle générera un effet multiplicateur sur l’économie locale. De plus, la présence d’acteurs internationaux favorisera la coopération universitaire et la recherche appliquée, notamment autour de la chimie des batteries et du recyclage des métaux rares.

Vers une Afrique électrifiée et durable

La gigafactory de Kénitra est plus qu’un investissement industriel : c’est un signal fort du rôle que l’Afrique peut jouer dans la transition énergétique mondiale. En associant innovation technologique, partenariat international et durabilité, le Maroc démontre qu’un modèle de développement industriel sobre en carbone est non seulement possible, mais rentable. La gigaénergie incarne une nouvelle étape pour le continent : celle d’une Afrique productrice de solutions énergétiques, capable de répondre à la demande mondiale en batteries et en stockage d’énergie, tout en créant de la valeur localement.

Gigaénergie, une premère au Maroc

Un modèle pour la nouvelle ère énergétique africaine

En misant sur la gigaénergie, le Maroc confirme sa volonté de devenir un acteur central de la révolution énergétique mondiale. Cette initiative place le Royaume à la pointe de l’innovation industrielle et ouvre la voie à une intégration plus forte entre développement économique, durabilité environnementale et coopération internationale. Si les promesses du projet se concrétisent, le Maroc pourrait devenir, d’ici la fin de la décennie, le premier hub africain du stockage énergétique, capable d’alimenter aussi bien les véhicules électriques européens que les projets solaires africains. Une véritable renaissance industrielle verte, portée par une vision claire et une ambition continentale.