Le projet ambitieux de liaison électrique entre le Maroc et le Royaume-Uni via un câble sous-marin, porté par la société britannique Xlinks et estimé à près de 30 milliards de dollars, fait face à un arrêt temporaire. Ce projet visait à acheminer de l’électricité renouvelable du sud marocain vers le Royaume-Uni, mais des blocages réglementaires et financiers freinent sa concrétisation.
Un financement suspendu faute de garantie de prix
L’avancement du projet est principalement entravé par l’absence de contrat pour différence (CfD) octroyé par le gouvernement britannique. Ce contrat devait garantir un prix fixe pour l’électricité produite, condition essentielle pour sécuriser les investissements privés.
Xlinks demandait un tarif de 77 £/MWh pour l’énergie solaire et de 87 £/MWh pour l’éolien. Sans ce soutien, les investisseurs demeurent prudents. La société a ainsi suspendu sa demande de Development Consent Order (DCO), un permis indispensable pour le lancement du projet au Royaume-Uni.
Une incertitude politique et réglementaire persistante
La situation est exacerbée par les élections générales britanniques de juillet 2024, qui ont engendré un changement de gouvernement et une réévaluation des priorités énergétiques nationales. Bien que le projet soit reconnu comme stratégique pour la sécurité énergétique du pays, les autorisations officielles se font attendre.
Par ailleurs, la traversée de plusieurs zones maritimes européennes (France, Espagne, Portugal) nécessite également des accords bilatéraux encore non finalisés, ce qui alourdit le processus d’approbation.
Câble sous-marin: une infrastructure de grande envergure
Le projet prévoit la construction d’un câble électrique sous-marin de 4 000 kilomètres reliant la région marocaine de Guelmim-Oued Noun au Royaume-Uni. Avec une capacité de 10,5 GW, l’infrastructure pourrait alimenter plus de neuf millions de foyers britanniques en électricité verte. Elle inclut aussi un système de stockage d’une puissance de 20 GW, garantissant la continuité de l’approvisionnement.
Ce projet représente un jalon important pour les ambitions énergétiques renouvelables du Maroc et la stratégie de diversification énergétique du Royaume-Uni.

Vers des scénarios alternatifs et une concurrence accrue
En réponse aux retards, Xlinks envisage des alternatives, dont une potentielle interconnexion électrique entre le Maroc et l’Allemagne. Ce repositionnement stratégique vise à maintenir l’intérêt des partenaires financiers.
En parallèle, d’autres acteurs internationaux se positionnent. Le groupe australien Fortescue développe un projet concurrent entre l’Afrique du Nord et l’Europe, attirant lui aussi l’attention des investisseurs.
Des délais critiques à prévoir
Les retards administratifs devraient repousser l’obtention des autorisations nécessaires à 2026, ce qui reporterait le démarrage du chantier à une date ultérieure. La mise en service du projet est désormais attendue après 2031, un délai qui pourrait compromettre sa rentabilité.
Les incertitudes autour du cadre réglementaire, du financement et de la volonté politique rendent la situation instable, suscitant l’inquiétude des investisseurs quant à la viabilité du projet.
Une initiative structurante à la croisée des chemins
Ce projet est une illustration des possibilités offertes par la coopération euro-africaine dans le domaine de l’énergie renouvelable. Il bénéficie d’un fort potentiel technique et stratégique, mais dépend désormais d’un engagement clair des autorités concernées pour aboutir.
Le Maroc, avec son ensoleillement exceptionnel et ses ambitions énergétiques affirmées, reste un acteur clé du futur énergétique régional. La concrétisation du projet Xlinks pourrait consolider cette position, à condition que les obstacles administratifs et financiers soient levés rapidement.
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