Mini-réseaux au premier plan de l’accès à l’énergie au Nigeria
Un nouveau rapport de la Banque mondiale, Tracking SDG7 : The Energy Progress Report 2025, révèle que les mini-réseaux ainsi que les systèmes solaires autonomes ont permis de connecter près de 6 millions de Nigérians privés d’électricité auparavant. Concrètement, environ 170 mini-réseaux et 1,2 million de systèmes solaires autonomes ont permis ce progrès énergétique, illustrant le potentiel des solutions décentralisées dans un pays confronté à l’un des déficits d’accès à l’électricité les plus importants au monde.
Une réponse efficace aux failles du réseau national
Le Nigeria reste confronté à une large fracture énergétique, avec environ 86,8 millions de personnes sans accès à l’électricité. Dans ce contexte, les mini-réseaux se sont imposés comme des solutions rapides et efficaces. Soutenus par l’initiative Mission 300, lancée par la Banque mondiale pour élargir l’accès énergétique, ces systèmes offrent une alternative viable face à un réseau national souvent défaillant, fragile ou saturé.
Croissance de l’écosystème : des modèles plus grands, mieux financés
Cette dynamique n’est pas isolée. L’Africa Mini-Grid Developers Association (AMDA) souligne que le Nigeria est désormais l’un des marchés les plus porteurs en Afrique pour les mini-réseaux. Entre 2022 et 2024, le nombre de connexions par mini-réseau a presque doublé, passant de 244 à 458. Ce développement reflète une meilleure réglementation, un plus fort appétit des investisseurs et un accès facilité à des financements concessionnels.

Des impacts sociaux et économiques notables
Au-delà de l’impact énergétique, ces projets créent des emplois locaux substantiels : rien qu’au cours des quatre dernières années, 27 développeurs de mini-réseaux ont généré plus de 6 000 emplois, majoritairement dans les zones rurales où sont implantés ces systèmes. Ces retombées profitent directement aux communautés et participent à la vitalité économique locale.
Contribution décisive à la réalisation des Objectifs de Développement Durable
Le rapport souligne que, malgré les progrès (+30 millions de personnes ayant accédé à l’électricité en 2023), 565 millions de personnes restent sans électricité, dont une forte proportion en Afrique subsaharienne. Pour atteindre l’objectif SDG 7, l’initiative Mission 300 vise à connecter 300 millions de personnes d’ici 2030, en mobilisant des investissements publics et privés, et en combinant expansion du réseau et solutions décentralisées.
Une stratégie nationale de mini-réseaux bien ancrée
Parallèlement, le Projet d’électrification du Nigeria (NEP) financé par la Banque mondiale illustre cette stratégie concrète. Au 15 décembre 2024, ce programme avait déjà permis de connecter plus de 5,9 millions de personnes, avec 180 mini-réseaux opérationnels, plus d’un million de systèmes solaires autonomes et des installations hybrides dans des centres COVID-19. Le taux de déblocage des financements atteignait alors 86 %, soulignant l’efficacité de ce mécanisme d’appui au secteur décentralisé.
Perspectives et défis à relever
Cependant, des obstacles persistent. Le coût d’installation des mini-réseaux demeure élevé en Afrique subsaharienne, en raison de la logistique, de la densité de la population et des chaînes d’approvisionnement encore peu optimisées. La baisse des coûts, une meilleure efficacité des systèmes et des incitations fiscales plus attractives sont identifiées comme solutions pour renforcer leur viabilité.
Vers une convergence des solutions énergétiques
Le potentiel des mini-réseaux s’étend bien au-delà de l’accès à l’électricité. Ils s’avèrent plus durables sur le plan environnemental, en réduisant les émissions liées aux générateurs diesel, et plus fiables pour les communautés rurales que les systèmes individuels de type « home solar ». Le Nigeria, par son dynamisme dans ce domaine, donne un signal fort à l’Afrique pour une transition énergétique combinant décentralisation, flexibilité et inclusion.
Le développement des mini-réseaux au Nigeria représente une révolution silencieuse mais puissante dans le secteur de l’énergie. En connectant des millions de personnes, en créant des emplois et en soutenant le développement local, cette approche confirme que l’accès universel à l’électricité est possible — dès lors que volontarisme réglementaire, financements adaptés et modèles opérationnels bien conçus se conjuguent.
Le Nigeria trace ainsi une voie solide vers l’électrification durable, modèle que d’autres nations africaines peuvent s’approprier pour accélérer leur propre transition énergétique.
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