Transition énergétique - classement des pays africain dans ETI

Transition énergétique : la Tunisie et le Nigeria en tête en Afrique selon l’indice ETI 2025

La transition énergétique en Afrique franchit une nouvelle étape avec le classement 2025 de l’Energy Transition Index (ETI), publié par le Forum économique mondial en partenariat avec Accenture. Si le continent affiche encore un retard global par rapport aux autres régions du monde, certains pays comme le Nigeria, la Tunisie, le Maroc et l’Afrique du Sud se démarquent et incarnent des trajectoires prometteuses vers un futur énergétique plus durable.

Nigeria : premier en Afrique, un bond remarquable

Le Nigeria occupe la 61ᵉ place mondiale et devient le premier pays africain de l’indice, avec un score global de 54,8. Ce résultat marque une progression spectaculaire pour un pays qui figurait encore à la 109ᵉ place en 2016.

Cette performance s’explique par :

  • Des investissements soutenus dans les infrastructures électriques et renouvelables.
  • Un cadre réglementaire plus mature, qui attire des financements privés et internationaux.
  • Le développement rapide des mini-réseaux solaires et des solutions décentralisées, permettant d’améliorer l’accès à l’électricité dans les zones rurales.

Le Nigeria reste toutefois confronté à un paradoxe : il demeure le pays avec le plus grand déficit d’accès à l’électricité au monde, avec près de 87 millions de personnes non connectées. Sa progression reflète donc davantage une dynamique de réformes et d’investissements que la pleine réalisation de son potentiel.

Tunisie : une montée en puissance dans la transition énergétique

La Tunisie se hisse à la 62ᵉ place mondiale et à la 2ᵉ place en Afrique, avec un score global de 54,6. Le pays progresse de trois rangs sur le continent par rapport à l’année précédente, grâce à des efforts structurels engagés depuis plusieurs années.

Ses performances reposent sur trois dimensions évaluées par l’ETI :

  • Équité (59,7 points) : un bon accès à l’électricité, notamment en zones urbaines, même si le coût de l’énergie reste élevé pour les ménages.
  • Sécurité énergétique (59,7 points) : une réduction progressive de la dépendance aux importations.
  • Durabilité (46,9 points) : encore faible en raison d’une part limitée des énergies renouvelables dans le mix.

La stratégie tunisienne s’appuie sur :

  • La réforme de la STEG (Société tunisienne de l’électricité et du gaz).
  • Des projets pilotes dans l’hydrogène vert.
  • Un cadre réglementaire lancé dès 2015, ouvrant la voie aux investissements privés.

Néanmoins, les renouvelables ne représentent encore que moins de 5 % de la consommation nationale, alors que l’objectif est d’atteindre 35 % d’ici 2030.

Energie Transition Index Framework, source: World Economic Forum

Maroc : pionnier des grands projets solaires

Le Maroc, classé 70ᵉ mondial, occupe une position de leader historique sur le continent grâce à ses projets emblématiques comme Noor Ouarzazate et Noor Midelt. Ces initiatives font du pays un exemple en matière de stratégie proactive pour intégrer les énergies renouvelables dans son mix.

La vision marocaine repose sur :

  • Un objectif clair : porter la part des renouvelables à 52 % de la capacité installée d’ici 2030.
  • Des projets intégrés combinant solaire, éolien et hydroélectricité.
  • Une implication forte de l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen) et de partenariats public-privé.

Cependant, le Maroc est confronté à des défis persistants, notamment la dépendance aux importations énergétiques et la nécessité d’accélérer le stockage par batteries pour mieux intégrer les énergies intermittentes.

Afrique du Sud : un géant énergétique en mutation

L’Afrique du Sud, classée 79ᵉ mondiale, se situe derrière ses pairs régionaux malgré un rôle majeur dans le paysage énergétique africain. Son mix reste largement dominé par le charbon, qui représente encore près de 80 % de la production électrique.

Le pays enregistre néanmoins des avancées :

  • Déploiement accéléré de projets solaires et éoliens.
  • Développement de l’hydrogène vert, soutenu par des initiatives internationales.
  • Participation active à des programmes régionaux d’intégration électrique.

Le défi reste immense : concilier la sécurité énergétique dans un contexte de pannes fréquentes (load-shedding) et la nécessité de réduire drastiquement son empreinte carbone.

L’Afrique face à ses défis énergétiques

Dans son ensemble, l’Afrique subsaharienne obtient un score moyen de 48,8, le plus bas parmi toutes les régions couvertes par l’ETI 2025. Les défis structurels persistent :

  • Accès limité à l’énergie dans les zones rurales.
  • Forte dépendance aux combustibles fossiles et à la biomasse.
  • Sous-investissement chronique dans les infrastructures énergétiques.

Malgré cela, certains pays se distinguent par des progrès notables :

  • Le Kenya et l’Éthiopie développent des projets géothermiques et hydroélectriques.
  • Le Ghana avance sur l’électrification rurale.
  • La Namibie et l’Afrique du Sud explorent le potentiel de l’hydrogène vert.

Perspectives : miser sur les atouts africains

Le rapport du Forum économique mondial formule plusieurs recommandations pour accélérer la transition énergétique du continent :

  1. Exploiter le potentiel renouvelable (solaire, éolien, hydroélectricité).
  2. Développer l’hydrogène vert comme nouveau moteur industriel.
  3. Renforcer les solutions décentralisées, notamment les mini-réseaux solaires pour les zones rurales.
  4. Stimuler les investissements privés et internationaux grâce à des cadres réglementaires stables.
  5. Encourager la coopération régionale via des plateformes comme le Southern African Power Pool.

L’Afrique sur la voie de la transition énergétique

Le classement 2025 de l’ETI met en lumière une réalité contrastée : si l’Afrique accuse encore un retard global, certains pays tracent déjà les contours d’un avenir plus durable.

  • Le Nigeria illustre le rôle des réformes et des investissements.
  • La Tunisie confirme sa montée en puissance malgré des défis structurels.
  • Le Maroc reste un pionnier grâce à sa stratégie ambitieuse.
  • L’Afrique du Sud amorce une transition difficile mais incontournable.

Avec ses ressources abondantes et ses projets innovants, le continent a les moyens de transformer ses atouts en leadership mondial. Mais pour réussir, il devra lever les obstacles liés au financement, à la gouvernance et à l’inclusion sociale. La transition énergétique en Afrique n’est plus une option : c’est une urgence stratégique pour l’avenir économique, social et climatique du continent.